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Paul Ricœur (1913-2005)

Anciens élèves
Ancien élève, Philosophe
1913

Philosophe

 

Paul Ricoeur (1913-2005)

Pupille de la nation, Paul Ricoeur est élevé par ses grands-parents à Rennes et accompli sa scolarité au lycée de garçons de la ville. Philosophe et universitaire, il occupera une place importante et originale sur la scène philosophique du 20ème siècle

Paul Ricoeur est né en 1913 à Valence dans la Drôme. Fils d’un professeur d’anglais, il est orphelin de mère puis perd son père à la guerre en 1915. Pupille de la nation a deux ans, il est élevé par ses grands-parents paternels à Rennes et accompli 12 années de sa scolarité au lycée de garçons de la ville depuis la classe élémentaire de 8ème au petit lycée jusqu’en classe de khâgne au grand lycée. Après l’obtention du baccalauréat de philosophie en juillet 1930 il entre en classe de khâgne où il sera marqué par l’enseignement de son professeur de philosophie Roland Dalbiez « …je lui doit le goût de l’argumentation bien formée et bien menée au sens éthique de la conduite de la pensée » (1). En 1931, il reçoit le prix de l’association des anciens élèves du lycée de Rennes qui lui permettra de poursuivre ses études supérieures à Rennes (echo 29-15). En 1932, il échoue au concours d’entrée à l’École Normale Supérieure et obtiendra sa licence de philosophie générale l’année suivante.

Il part ensuite à Paris et est reçu second  au concours de l’agrégation 1935. Il enseignera à Colmar puis à Lorient et écrit ses premiers articles dans la revue Terre Nouvelle, organe des chrétiens radicaux. Au sein de ce mouvement il sera proche de l’économiste socialiste André Philip, qui, en 1935, parrainera son adhésion à la SFIO où il militera dans le courant pacifiste. Paul Ricoeur précisera plus tard qu’il doit à André Philip
« de ne pas [s]’être trompé sur Munich en 1938 » 2.

Pendant la seconde guerre mondiale Paul Ricoeur, officier de réserve, est fait prisonnier en juin 1940. Durant sa captivité à l’Oflag II-D en Poméranie, il commence la traduction des « Ideen » d’Husserl et développe une approche phénoménologique de la philosophie. Il a pour compagnon le philosophe Mikel Dufrenne avec qui il publiera « Karl Jaspers et la philosophie de l’existence » en 1947 3.

Après la guerre, il enseigne la philosophie pendant trois ans (1945-48) au Collège Cévenol international du Chambon-sur-Lignon. En 1950, il publie sa thèse « Le Volontaire et l’Involontaire » et débute sa collaboration avec la revue Christianisme social. En 1948, il est nommé à l’université de Strasbourg, avant de devenir professeur à la Sorbonne en 1956. Il vit aux « Murs blancs», lieu communautaire fondé par Emmanuel Mounier à Châtenay-Malabry et écrit régulièrement dans la revue Esprit et dans Christianisme social. Il enseigne pendant dix ans à la faculté de théologie protestante de Paris. En 1964, il fonde le département de philosophie de l’université de Nanterre où il est élu Doyen en 1969. Il démissionne l’année suivante face à de virulentes contestations étudiantes. Après l’échec de la gestion à Nanterre et celui de sa candidature au Collège de France en 1969 qui lui préfèrera Michel Foucault, Paul Ricœur, devient enseignant à l’université catholique de Louvain et entre en 1970 au département de philosophie de l’université de Chicago et partage alors son temps entre les États-Unis et la France. Revenu à Nanterre en 1975, il y achève sa carrière académique française en 1981 4.

                C’est à partir des années 1980 qu’il acquiert une place importante et originale sur la scène philosophique française, après la publication de Temps et récit (1983-1985), ouvrage traduit dans de très nombreuses langues.  Son œuvre se situe à la croisée de la philosophie réflexive, de la phénoménologie et de l’herméneutique 5. Il aborde la question du statut de l’histoire, dans son rapport à la mémoire et à l’oubli, la fragilité des identités individuelles et collectives, l’unité du phénomène totalitaire au XXe siècle, les rapports entre illusion, idéologie et utopie et la faiblesse de nos démocraties 6.

En mars 2003, Il est invité à Rennes par la société bretonne de Philosophie pour une conférence intitulée « Les paradoxes du don ». Il sera ensuite reçu à la cité scolaire Emile Zola par l’Amélycor où il acceptera de préfacer le livre « Zola, un lycée dans l’histoire », un ouvrage collectif édité par l’Amélycor (Echo 16 Pages 12-18). L’année suivante il reçoit la médaille de la ville de Rennes lors d’une réception à l’hötel de ville (Echo 19 Page 11). Paul Ricœur décède le 20 mai 2005.

Quelques mois plus tard, Jérôme Porée viendra exposer, dans une conférence des « Jeudis de l’Amélycor », la pensée de Paul Ricoeur sur la question du Mal.  Sa réflexion souligne que le pardon, qui n’est pas la justice, transcende l’impossible équivalence entre le crime et le châtiment et permet l’espérance (Echo 24 Page 20). Un colloque international lui fût consacré à Rennes en 2007 où fût soulignée l’importance de son œuvre (une quarantaine de livres et quelques centaines d’articles) et la place de certains thémes comme les ressources du récit, la condition humaine, l’interprétation de la culture ou l’engagement dans la Cité.

A l’issue de ce congrès, le nom de Paul Ricoeur sera associé à la salle de conférence de la cité scolaire Emile Zola, en mémoire de son attachement à la ville de Rennes où il avait appris à « marcher dans la vie » et rencontré Roland Dalbiez, son premier maître en philosophie (Echo 29 Page 14)).

 

1- Zola, Le lycée de Rennes dans l’histoire.  Ouvrage collectif, préface, édition PUF, 2003

 2 – Kermoal B ( 2012). «Les aventures personnelles que le souvenir nous retrace »: Canguilhem, Ricoeur, l’histoire et l’engagement. Espaces réflexifs, situés, diffractés et enchevêtrés.

 (Consulté le 28 septembre 2025)

 3-  Dosse F. Paul Ricœur (1913-2005) Philosopher pour agir, Sciences humaines 285, p.29, septembre 2016.

 4 – Leclerc-Olive M. « Temps et récit de Paul Ricœur (1983-1985) », Palimpsestes [En ligne], 33, 2019. https://doi.org/10.4000/palimpsestes.3943

 5- Marc Antoine Vallée, Paul Marinescu Introduction – L’articulation de la phénoménologie et de l’herméneutique chez Paul Ricœur, Études Ricœuriennes / Ricœur Studies, Vol 14, No 1 (2023), pp. 1-4.

 6 – https://amelycor.fr/wp-content/uploads/1913/02/Echo-16-Fusion-Pages-12-18.pdf

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