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Augustin MOUCHOT (1825-1912) Pionnier oublié de l’énergie solaire

Né en 1825 à Semur en Auxois, Augustin MOUCHOT est le
fils d’un artisan serrurier. Inscrit à la faculté des sciences de Dijon
tout en travaillant comme maître d’études de 1845 à 1853, il obtient
en 1852 et 1853 ses licences ès sciences en mathématiques puis en
physique.
Chargé dès 1853 de cours de mathématiques au lycée d’Alençon,
c’est en 1862 qu’il est nommé au lycée de Rennes. Nommé en 1864
au lycée de Tours, il y enseigne jusqu’en 1876.
Il se préoccupe très tôt de l’utilisation pratique de l’énergie
solaire. Pendant ses années rennaises, il poursuit les expérimentations
commencées dès 1860 sur un « four solaire ». Elles débouchent
sur la réalisation en 1865 d’une chaudière, à Tours. Dans un vase
placé au foyer d’un réflecteur parabolique, trois litres et demi d’eau
sont portés en 90 mn de 15° à l’ébullition.
En 1869 il publie ses résultats dans La chaleur solaire et ses applications industrielles, (Paris, Gauthier-Villars, 1869)1.
S’il y est encore question de cuisson, ou de fusion de métaux, il s’agit maintenant de faire « travailler la chaleur solaire », et tout
particulièrement de la substituer au combustible pour l’entraînement des machines à vapeur : « dès l’année 1866 j’avais déjà
deux petites machines à vapeur fonctionnant au soleil de Tours ».
Il est d’abord encouragé dans ses recherches par la Société d’Agriculture, le Conseil Général d’Indre-et-Loire et
l’Association française pour l’avancement des sciences. La réalisation en 1875 d’un grand modèle puis l’exposé de ses
résultats à l’Académie des sciences lui valent d’obtenir un congé en 1877 : le ministère le charge d’une mission d’étude en
Algérie. Il y expérimente une chaudière solaire de 100 litres.
Quittant Alger en mars 1878, il s’associe avec un jeune
ingénieur de l’École centrale, Abel PIFRE. Dès septembre MOUCHOT
et PIFRE présentent à l’occasion de l’exposition universelle de 1878
une chaudière solaire géante actionnant une petite machine à
vapeur. C’est le triomphe ! Mouchot est nommé chevalier de la
Légion d’honneur.
En août 1882, pour la Fête de l’Union française de la
jeunesse, un moteur solaire MOUCHOT-PIFRE actionne aux Tuileries
une presse qui imprime en une heure 500 exemplaires du Soleil-
Journal. La revue scientifique La Nature y consacre une page2, et
l’hebdomadaire Le Monde illustré en fait, à égalité avec le feu
d’artifice, le clou de la fête. (cf. p 5 et ci-contre p 7, l’illustration de LA NATURE)
En 1889, la machine est encore présentée à l’Exposition
universelle de Paris. Pourtant, à partir de 1880, MOUCHOT
abandonne son oeuvre et retourne à ses travaux de
mathématiques, pour lesquels il est récompensé par l’Académie
des sciences.
PIFRE a pris le relais. En 1879 il s’est rendu acquéreur du
brevet de MOUCHOT. Et en 1881, il a fondé la Société centrale
d’utilisation de la chaleur solaire.
L’engouement pour les inventions de MOUCHOT est retombé.
On en verra plus loin les raisons.
Presque aveugle, assailli de difficultés financières, brouillé
avec PIFRE, MOUCHOT connaît une fin de vie difficile. Il a épousé en
1899 sa gouvernante, mais en est séparé en 1910. Il meurt dans la
misère et la solitude à Paris en 1912, à 87 ans.

Emile Zola
Écho des Colonnes, ÉdC-54
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