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Le patrimoine bâti de la Cité scolaire Émile-Zola

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Le patrimoine bâti de la Cité scolaire Émile-Zola

Mise à jour : décembre 2020

La Cité scolaire est l'héritière de près de cinq siècles d'enseignement en un même lieu.
Du vieux collège créé par la ville au XVIè siècle et agrandi au XVIIème, il ne reste rien à l'exception d'un clocheton symboliquement conservé, et de l'église des Jésuites devenue en 1803 l'église paroissiale Toussaints.

Les bâtiments actuels commencés en 1859 et terminés en 1899, après destruction progressive du vieux lycée, sont l'œuvre de Jean-Baptiste MARTENOT (1828-1906) qui fut l'architecte de la Ville de 1858 à 1894.
Derrière les façades de style Louis XIII, où il joue sur la polychromie des matériaux, J.-B. MARTENOT réalise avec des techniques modernes (poutrellage métallique), un lycée lumineux et fonctionnel, ouvert sur l'innovation pédagogique (salles de manipulations de sciences, ateliers pour le Dessin).

Fortement endommagé par les bombardements de juin 1944 et le dynamitage du pont Saint-Georges, l'établissement se reconstruit lentement de 1944 à 1954. La Chapelle ne retrouve des vitraux qu'en 1964.
Ces vitraux en dalle de verre, œuvre de Gabriel LOIRE, maître verrier de Chartres, ont été révélés dans toute leur beauté par le remodelage de l'espace de la Chapelle.

Depuis 1993, en effet, l'architecte Joël Gautier mène, sous l'égide de la Région, la rénovation et la restructuration de la cité scolaire. Outre la salle de conférence et le CDI, réalisés dans la Chapelle, un restaurant a été construit sous l'une des cours et deux gymnases aménagés dans l'espace de l'ancienne Salle des Fêtes (Salle Dreyfus).
En concertation avec l'AMELYCOR, une tranche spéciale des travaux a été consacrée à la restauration d'un « espace patrimoine » qui sert d'écrin aux riches collections du lycée. Un espace spécial a été aménagé pour abriter la bibliothèque d'ouvrages anciens.

Nota : pour découvrir ou approfondir un sujet sur le patrimoine, vous avez la possibilité de télécharger des anciens bulletins "L'écho des colonnes". A la page d'accueil, sélectionnez  Publications>Le bulletin>L'écho des colonnes>Tables thématiques, puis notez les numéros et les pages concernés.


L'église du Collège      Création de l'article : juin 2013.

L'Eglise du Collège a été construite par la Ville de Rennes conformément aux engagements pris dans l'acte de fondation d'octobre 1606. Commencée en 1624, elle fut consacrée en 1651.

Les plans dressés par les architectes Jésuites satisfont à trois exigences :

- bâtir une église à l'échelle d'une population scolaire de 2500 élèves qui soit ouverte aux fidèles du quartier pour beaucoup tributaires du collège.

- donner, selon la liturgie du concile de Trente (1545-1563), une visibilité maximum à l'autel où s'accomplit l'eucharistie.

- satisfaire aux besoins de la communauté des Pères : multiplication de chapelles latérales pour que chacun puisse dire sa messe quotidienne, et tribunes à l'étage pour pouvoir méditer dans la quiétude, face au tabernacle.

plan eglise

 

Le grand retable central, de style baroque n'est érigé qu'en 1657.

 

grand retable

Le dessin contemporain, gravé par Grégoire Huret, montre qu'il n'y a jamais eu de statues dans les niches qui meublent les trois niveaux de la façade. On y remarque les armes de la Ville.

Le campanile en bois de la croisée du transept disparaît au XVIIIè siècle.
Le remplacement à partir du XIXè siècle de la majeure partie des pierres de cette façade en a fait disparaître les ornements sculptés pour n'en conserver que les volumes.
De même les balustrades en haut des tours ont fait place à des garde-corps pleins.

La « Grande Eglise » (ainsi nommée après le départ des Jésuites en 1762) sert de salle de réunion durant la Révolution.
En 1803 elle devient l'église paroissiale de Toussaints en remplacement d'une ancienne église détruite par un incendie accidentel en 1793. La Cité scolaire Émile-Zola y garde cependant jusqu'à nos jours une servitude. 

Lire : François Bergot, L'Eglise de Toussaints à Rennes, 1973.
A Thépot, EDC n°14, p 5-9 et p 13, Rennes à l'âge baroque.

gravure huret

Gravure de Grégoire
Huret (Bibl. Nat.)

 


Ces artistes qui ont fait le lycée

Un architecte
Jean-Baptiste MARTENOT (Saint-Seine l'Abbaye 1828 - Rennes 1906)

Fils d'un cordonnier bourguignon, formé à Paris, J-B Martenot fut de 1858 à 1894 l'architecte de la ville de Rennes.
La construction du lycée (1859-1899), à laquelle il s'attacha avec talent, occupa donc l'ensemble de sa vie professionnelle concurremment avec des dizaines d'autres réalisations. Citons parmi ses autres chantiers la restauration du beffroi de l'Hôtel de Ville et du théâtre, la construction de la faculté des Sciences et du Palais du Commerce, celle des serres du Jardin des Plantes et des Halles sur les Lices, sans oublier le projet d'adduction d'eau de la Ville.

 

 

 

martenot

Portrait de Martenot par Ferdinand Birotheau (1819-1812). Cliché Patrick Merret MBAR

Deux sculpteurs
Jean-Baptiste BARRE (Nantes 1803 – Rennes1877)

Sculpteur comme son père, Jean-Baptiste Barré vit son talent reconnu par l'obtention du prix du Salon de Paris en 1843. Il habitait Rennes depuis 1830 ; dès 1844, il entreprend de se faire construire une maison néo-renaissance dont il sculpte entièrement la façade (5 quai Chateaubriand). Il a collaboré avec J-B Martenot comme avec les précédents architectes de la Ville (Charles Millardet, Vincent-Marie Boullé), réalisant la statue de la colonne de Juillet (Thabor 1837), les frontons du Palais Universitaire, de l'Hôtel-Dieu, du Lycée impérial...

Aigle

Aigle du fronton d'entrée

Adolphe LEOFANTI (Rennes 1838 – Rennes 1890)

Fils d'un père entrepreneur à qui l'on doit des interventions sur l'église Toussaints, Adolphe Léofanti se forme au contact de J-B Barré et devient un peintre et sculpteur recherché. Au décès de son maître en 1877, il hérite de ses chantiers [y compris celui de sa propre maison à l'angle du bd de la Liberté et de la rue du Ml Joffre, anciennement rue du champ de Mars, dont l'architecte est Martenot]. C'est ainsi qu'il devient le sculpteur de la chapelle du lycée et de l'aile de jonction qui y conduit.

 

 En 2000, les figures des frontons cintrés de cette aile de jonction — très détériorées — ont été réinterprétées avec talent par M. Alain HUART, sculpteur de l'entreprise SNPR chargée de la rénovation. 

 A Thépot, EDC n°41, p. 10-11. 

ange

Enfant studieux

Un maître-verrier
Gabriel LOIRE (Pouancé 1904 – Chartres 1996)

Né dans une famille de tanneurs, il fait ses études à Angers. Il y rencontre le travail du verre auprès de George Merklen qui l'encourage à soutenir une thèse sur le vitrail en 1924. Dès 1926, il travaille à Chartes chez Charles Lorin. Vingt ans plus tard il y fonde ses propres ateliers (aujourd'hui dirigés par ses petits enfants). La France est le pays qui compte le plus de réalisations (environ 450, dont 11 en Ille et Vilaine) mais l'œuvre est international. Gabriel Loire s'est éteint en 1996 mais ses vitraux continuent à diffuser et diffracter la lumière sur les cinq continents.

G. Loire et ses œuvres en Ille-et-Vilaine

 

 

 

vitraux

Vitraux de la chapelle

Lire :
Jean-Yves Veillard, Rennes au XIXè siècle, architectes, urbanisme et architecture, Editions du Thabor, Rennes,1978.
Charles Pratt , Jean Pratt, Gabriel Loire, les Vitraux, Centre international du vitrail, 1996

« Ateliers Loire » : www.ateliers-loire.fr


Le lycée de J-B Martenot

Un grand lycée fonctionnel et lumineux

Le lycée gagne en surface et en hauteur par rapport aux bâtiments du vieux collège.
Le plan ci-contre permet de mesurer l'emprise au sol du nouveau lycée par rapport à l'ancien dont le « fantôme » est figuré en bleu-vert.

Les quatre cours permettent de répartir les élèves en fonction de leur âge (des classes élémentaires aux classes préparatoires).
Les bâtiments qui les bordent du côté sud, n'excédent pas un étage ce qui garantit leur ensoleillement.

Les colonnades - au rez-de-chaussée – comme les galeries du premier étage assurent une circulation fluide entre les salles de classe qu'elles éclairent en « second jour ».

Plus compartimenté, l'internat (dortoirs, salles d'études) occupe, pour sa part, les seconds et troisièmes étages.
Les chambres des maîtres d'internat et les appartements du personnel logé, trouvent place dans les pavillons d'angle, assurant ainsi une présence adulte aux « carrefours ».

couperectiftexte
                                                            Voir ci-contre le plan de 1882

De véritables ateliers de Dessin à éclairage zénithal, sont aménagés au troisième étage entre la Cour des Colonnes et la Cour de la Chapelle.(en coupe à gauche dans le dessin ci-dessous)

couperectif
Lycee Martenot Rennes Plan

 L'espace dévolu au seul dessin d'imitiation est particulièrement vaste; la lumière y est généreuse; l'agencement de l'équipement (points d'eau, armoines, bureaux, tabourets, tables, sellettes pour les modèles, étagères de stockage) pour être ''conforme aux prescriptions ministérielles'', a nécessité la réalisation de plusieurs plans. Celui ci-dessous datant de 1893 est , selon toute vraisemblance, le plan définitif.
Lycee Rennes Martenot salle dessin imitation collection pedagogique

 Reconstruction du lycée 1859-1899 (étapes) ... Matériaux utilisés pour la construction 

1964 : les vitraux
de Gabriel LOIRE

La chapelle du lycée, consacrée en 1879, avait été dotée de vitraux clairs qui lui conféraient une atmosphère assez « froide ».

Ces verrières ont été soufflées lors des bombardements de 1944 et remplacées alors par des matériaux de fortune de type « Vitrex ».

Il faut attendre 20 ans pour que l'édifice retrouve de vrais vitraux.
Mais l'attente en valait la peine.

 

 

vitraux2

C'est en effet le 25 février 1964 qu'à l'issue d'un concours remporté en Décembre 1963, Gabriel
LOIRE, maître verrier à Chartres, signe avec Henri Fréville, maire de Rennes – et ancien
professeur du lycée - le contrat portant sur la réalisation de 152 m2 de vitraux pour la chapelle.

LOIRE a une idée précise de ce qu'il veut obtenir dans ce lieu de culte fréquenté par des
adolescents: «(...) une atmosphère sacrée. Constituer une sorte d'enveloppement reposant.
Ne rien faire qui puisse devenir une obsession, mais au contraire que tout contribue à donner
une impression de calme, ce qui n'exclut pas la joie donnée par les multiples points de couleur
enchâssés dans les bleus mystiques (...)

Composition, Coloration, Technique en découlent. Pour plus de détails >>>

vitraux3

La composition adopte un parti-pris non figuratif « le graphisme
[partant] du sacrifice de la croix suggéré dans le vitrail central »

La coloration a « une dominante de bleus, clairs à l'entrée,
très foncés dans le sanctuaire » avec « des tonalités franches »,
les rouges devenant plus présents en allant vers le chœur.

La technique adoptée est celle de « dalles de verre serties d'epoxy
résine Ciba » dont l'épaisseur « permet des éclats [transfor-mant]
chaque morceau en prismes et en joyaux »

C'était, pour Gabriel Loire, la 10 ème réalisation en Ille et Vilaine
depuis 1950.

Ses autres réalisations en Ille-et-Vilaine  >>>

vitraux4

Lire : Charles Pratt/Jean Pratt, Gabriel Loire , les Vitraux/Stained glass, Centre international du vitrail.
J-N Cloarec, Les vitraux de la Chapelle, EDC n°14, 2002, p 2-4.
D. Roulleau, Visite aux ateliers Loire, EDC n°34, 2009, p14,15.


  Rénovation de la Cité scolaire Émile-Zola    Création de l'article : juin 2013.

C'est en 1993 que la Région Bretagne prend la décision de rénover la cité scolaire qui en a un besoin urgent.
Depuis un siècle, en effet, l'établissement n'a connu qu'une seule amélioration notable : l'installation du chauffage central en 1936.
Occupé pendant les deux guerres mondiales, reconstruit à l'économie de 1944 à 1954, il a souffert d'un manque d'entretien chronique.

La rénovation implique donc une restauration de grande envergure : façades, toitures, huisseries... une véritable renaissance des bâtiments dans l'espace rennais.

Elle suppose aussi une restructuration et une modernisation complète des équipements pour satisfaire :
- à l'évolution des normes pédagogiques (informatisation des salles, agrandissement des centres de documentation, aménagement d'une salle polyvalente, dégagement d'espaces pour l'éducation physique ...)
- aux exigences nouvelles de la vie scolaire (foyers, restaurant scolaire).

Elle doit enfin tenir compte de la préservation d'un patrimoine de qualité (mobilier d'attache, collections scientifiques, bibliothèque ancienne).

L'architecte Joël-Yves Gautier propose un phasage en 10 tranches de travaux qui s'étendraient d'août 1993 à septembre 2002. [ NB : en 2021, les travaux de rénovation ne sont toujours pas terminés côté ouest (Collège) ].

renovation lycee

Faute d'espace au sol, les gains de surface se feront dans la 3ème dimension par creusement de la cour nord et utilisation des caves (restaurants), dédoublement en hauteur de l'espace de la Chapelle (CDI, salle polyvalente) et de la Salle des Fêtes (plateaux d'éducation physique).

De 1994 à 2000 les travaux les plus lourds sont réalisés.

En 1998 une étude intitulée "Orientation patrimoine" est soumise aux autorités : elle prévoit d'intercaler à partir de Septembre 2000 une phase de travaux permettant :

  • une conservation partielle, mais significative du mobilier signé Martenot,
  • la restauration d'une "salle de manipulations" de chimie, en vue de la mise en valeur, sur place, des collections scientifiques.

 

renovation lycee2 renovation lycee3 renovation lycee4

S'y ajoute l'aménagement de 7 caves où la bibliothèque ancienne pourra trouver place.

Ces locaux patrimoniaux sont livrés en janvier 2003 : à temps pour la célébration du bicentenaire de l'ouverture du lycée (1803).

enfant studieux Un des enfants studieux remis en place près de la chapelle.
La rénovation des extérieurs du côté ouest près de l'église Toussaints. renovation exterieure

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